Une rentrée soft…vraiment ?


Editorial du président de la SPV à paraître dans l'Educateur 8/2005


Des pt’its trous, des p’tits trous, toujours des p’tits trous …

Le peuple vaudois et son administration sont dorénavant soumis au plus célèbre des supplices chinois.

Décharner le corps par tranches successives et préserver les organes vitaux le plus longtemps possible !



L’objectif est connu : via le programme de législature et la planification financière, le Conseil d’Etat s’est donné pour mission d’équilibrer les finances cantonales en 2007. Et sous l’acronyme facétieux de DEFI (tant qu’à faire, mieux vaut se marrer, pas vrai ?) est engagée une opération dont le but est de diminuer de 60 millions chacun des déficits des budgets 2006 et 2007.


Ainsi, le 4 juillet dernier, alors que la sonde Deep impact percutait la comète Tempel 1, que les Américains fêtaient leur indépendance en agitant des bouts de tissu bariolés avec plein d’étoiles dessus, que - pur hasard de calendrier ! - ces foutus agents de l’Etat pensaient à la mer ou à la montagne, le Conseil d’Etat présentait ses sécatrices trouvailles.

Entre la pelade et l’amputation, dédaignant la tronçonneuse, le gouvernement vaudois a donc choisi : C’est toujours à coups de scalpel - mais à larges coups il s’entend ! - qu’il poursuit son plan de restauration financière de l’Etat :12 millions de coupes au DFJ, dont 4,5 millions pour l’école obligatoire. Certains diront que sur près de 2 milliards de budget, ce n’est que pet de lapin constipé… Pourtant, ce qui est attaqué n’est quand même pas sans conséquences et vide de symbole. Qu’on en juge :

- Economie de 500 000 francs sur la formation continue, argumenté sur le fait que les collègues ne rempliraient pas leurs obligations légales… ce qui est peut-être vrai, mais qu’il s’agit de mettre en regard de l’attitude de l’employeur. Qui semble se moquer comme d’une guigne de ce devoir professionnel, lui qui a déjà rogné sur son budget dans le cadre de la restructuration de la HEP. Alors même que notre institut de formation ne pouvait au mieux assurer qu’un cinquième des 40'000 jours statutaires !

- Diminution d’une période de l’encadrement des élèves durant la consommation du repas préparé en classe d’économie familiale, et 4 postes en moins à la clé… mais certains établissements (avec l’accord des collègues concernés ?) avaient pris les devants, ouvrant la porte toute grande à cette harmonisation à la baisse ! Merci le (mauvais) génie local. Vous verrez, l’an prochain, je vous fiche mon billet que des initiatives régionales malheureuses font donner naissance partout à de gentils petits monstres !

- Adaptation (on préfère ne pas dire coupe…) des budgets des fournitures scolaires aux dépenses de 2004. Des élèves en plus, mais moins de pinceaux et de cahiers… cherchez l’erreur !

- Et puis hop : une période de sport de moins en première année de gymnase ! Belle promotion de l’activité physique pour cette année internationale du sport et alors que s’engage la lutte contre l’obésité… et, re-hop : 1 million et demi de moins pour la HEP… qui, comme on le sait, roule toute seule !


Voilà donc le topo : cela fait mal, mais pas trop, à certains, mais pas partout et pas à tous. Pascal Broulis et consorts sont de gais poinçonneurs des lilas. Des pt’its trous, toujours des pt’its trous. « Et cette année, qu’est-ce qu’on vous coupe ? l’oreille ou la queue ? »

Du panache, du souffle, un projet ? Ça va pas la tête ! Vous croyez que c’est fini ? Une fois qu’on aura retrouvé l’équilibre annuel, on s’attaquera à la dette ! Et là, c’est pour 20 ans qu’on en prendra ! A moins que… !


Jacques Daniélou